Qui ne risque rien n'est rien… sur le chemin de Damas, alors que les opinions ont cédé face aux faits…
on ne le dit assez : un âge n'en chasse pas un autre, tous les âges qu'on a vécu coexistent à l’intérieur de soi, ils s'empilent, et l'un prend le dessus au hasard des circonstances.

samedi 5 juillet 2014

Guy Pervillé : "Oran, 5 juillet 1962. Leçon d’histoire sur un massacre"


Guy Pervillé est professeur émérite d’histoire contemporaine à l’université de Toulouse-le Mirail, spécialiste de l’histoire de l’Algérie coloniale ainsi que de la guerre d’Algérie. Il a notamment publié Pour une histoire de la guerre d’Algérie (Paris, Picard, 2002), La Guerre d’Algérie (PUF, Que-sais-je ?, 2007), Atlas de la guerre d’Algérie (Autremeent, 2003), Les accords d’Évian, succès ou échec de la réconciliation franco-algérienne (Armand Colin, 2012), et chez Vendémiaire, La France en Algérie, 1830-1954 (2012, prix Lyautey 2012 de l’Académie des sciences d’outre-mer).




Oran, 5 juillet 1962. Leçon d’histoire sur un massacre. (2014) Paris, éditions Vendémiaire, 2014, 317 p. (l'ouvrage ne sera disponible qu'après le 1er mai) :

De tous les événements liés à la guerre d’Algérie, aucun n’a subi une occultation aussi complète que le massacre subi à Oran, le 5 juillet 1962, soit quelques mois après les accords d’Évian et deux jours après la proclamation officielle de l’indépendance de l’Algérie, par une partie de la population européenne de la ville. C’est pourtant celui dont le bilan est, de très loin, le plus lourd : en quelques heures, près de 700 personnes ont été tuées ou ont disparu sans laisser de traces.

Qui a organisé ce massacre ? S’agit-il d’un mouvement de foule spontané, dans une ville ravagée depuis des mois par les attentats de l’OAS ? Ou d’un règlement de compte entre les diverses tendances du nationalisme algérien ? Et pourquoi l’armée française, pourtant dûment informée, et-elle-restée des heures sans intervenir ? A Paris, le gouvernement était-il au courant et a-t-il délibérément laissé dégénérer une situation dont le règlement reveanit désormais à l’Algérie indépendante ?

Reprenant les témoignages, les ouvrages des journalistes et les travaux des historiens sur la question, Guy Pervillé propose ici une magistrale leçon d’histoire pour comprendre cet événement tragique, ainsi que le silence qui l’entoure.



Oran, le 5 juillet 1962… le "Mur des Disparus", Perpignan


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Stupéfiant… Robert Ménard, né à Oran un 6 juillet 1953, prétendu grand reporter, n'a eu connaissance des massacres du 5 juillet 1962 d'Oran que 50 ans après, en 2012 !!! Entretien émouvant. Très émouvant incontestablement… Magnifique ramage. Mais pour quelle efficacité ? Découvrir son enfance à 61 ans passés, c'est quand même un peu tard… Que n'a-t-il, devenu grand enfant,  davantage interrogé sa grand'mère… Si petit Robert ou un peu plus grand avait attentivement écouté sa grand'mère il aurait retenu que celle-ci n'a sans doute jamais parlé de "piénoirs" mais, étant catholique, se serait toujours identifiée comme "Européenne"… Petit Robert aurait appris et retenu que ce sobriquet "piénoirs" n'a été donné aux malheureux exilés que par les indignes patos qui par lâcheté, ces "veaux" avaient voté pour entériner la capitulation de DeGaulle… Mettre à part et déconsidérer ces pestiférés qu'ils avaient condamnés à l'exil, réflexe récurrent des coupables celui de diminuer leurs victimes… Petit Robert saurait que si en un autre temps certains avaient été contraints de porter une étoile, rose ou jaune, ces piénoirs débarqués en France malgré eux ont eu aussi leur marque longtemps indélébile : leurs vieilles voitures, celles qui avaient pu les accompagner dans l'exil, ont alors été systématiquement immatriculées dans des séries spéciales… Revenons à ce 5-Juillet longtemps ignoré de petit Robert… …  J'y pense : Perpignan, c'est quand même pas très éloigné de Béziers… Le grand chef des "grands reporters" n'a-t-il donc pas appris qu'y est érigé un "Mur des Disparus", voilà déjà bien plus qu'un an, plusieurs années même ! Craignons que dans cette poignante et "naïve" confession il n'y ait une belle part d'opportunisme… Bon réveil, Robert !

Un de mes amis né en 1961 - j'écris bien : né en 1961 - prétend avoir participer à l'action de l'OAS… En fait, son père fortement engagé dans la Secrète cachait ses armes dans le berceau de son bébé… Né en 1961, mais un héros par rapport à bien des piénoirs…




3 commentaires:

  1. Merci de vous intéresser à notre douloureux problème de Français d’Algérie… C’est bien même si, hélas, nous ne pouvons plus grand chose.
    Je connais Pervillé. J’ai assisté à deux des conférences qu’il a faites une sur son livre, que j’ai même acheté, « La France en Algérie 1830-1954 » et l’autre sur Albert Camus. C’est un historien qui enseignait au Mirail à Toulouse me semble-t-il et qui a vu un de ses nombreux textes sur les évènements d’Algérie censuré en partie parce que ses pairs lui reprochaient de ne pas cautionner totalement ce qu’il est politiquement correct d’entendre. Une partie de l’ouvrage qu’il avait été chargé de réaliser dans le cadre universitaire sur les évènements d’Algérie et qui de notre point de vue était tout à fait authentique et vrai a été tout simplement éliminé de l’édition définitive ! Ce n’est pas ce que « l’intelligentsia » souhaitait entendre !
    La chape de plomb et de silence qui s’est abattue sur les évènements d’Algérie depuis plus de 50 ans fait l’unanimité de la gauche et de la droite en France. Il y a certainement des raisons qui font que les uns et les autres se soient au moins sur ce point si bien entendus ! C’est très rare en France. Les merdiats eux aussi n’ont pas joué le jeu et se sont abstenus de révéler toute la vérité. Aujourd’hui encore, la vérité et les archives ont du mal à percer ou à s’ouvrir ! Pourquoi ?
    Jacques Soustelle, intellectuel et ethnologue brillant, ancien ministre et député de Lyon, ancien gouverneur général de l’Algérie pourtant proche des intellectuels et des gauchistes s’est opposé à de Gaulle qui ne lui a pas pardonné. Soustelle qui connaissait bien le problème algérien, a écrit ces quelques lignes :
    « Le peuple pied-noir a été victime d’une condamnation qui n’a pas d’équivalent dans notre histoire depuis la révocation de l’Édit de Nantes. La solidarité nationale n’a pas joué ni même la solidarité humaine tant cette communauté a été accablée de calomnies et défigurée par une campagne acharnée ».
    Notons que l’action du Cercle algérianiste a empêché que ne soit consommé un ethnocide, c’est-à-dire, après la disparition des noms, l’oubli délibéré et définitif de ce que les Européens d’Algérie avaient créé lors de leur passage sur terre. Pas de noms, pas de souvenirs, aucune trace. Ces hommes et ces femmes ne font pas partie de l’histoire. C’est comme s’ils devaient n’avoir jamais existé.

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  2. Même Hocine Aït Ahmed un des chefs FLN a écrit quoique bien tardivement : « Ce qu’il faut savoir c’est que depuis l’indépendance, l’Algérie contrairement à ce que l’on veut bien nous dire est un pays en plein chaos depuis que la France et les Français d’Algérie l’ont quittée. Quand on pense que les Algériens sont obligés aujourd’hui d’importer à 90% les produits qu’ils consomment (blé, huiles, légumes, fruits, viandes… dans un pays où l’huile d’olive, le blé et les agrumes, les moutons, le vin, étaient exportés du temps de la colonisation ! » [À ce sujet, signalons de Frédéric Pons : « Algérie - le vrai état des lieux - 50 ans d’Indépendance », chez Calmann-Lévy.]
    Hocine Aït Ahmed, chef historique du FLN dans « Paroles » publiées dans la revue « Ensemble » n°248 de juin 2005 écrit encore :
    « Oui je dis bien une tragédie humaine et pour reprendre le mot de Talleyrand : plus qu’un crime, une faute !
    - Un faute terrible pour l’avenir politique, économique et même culturel ; car notre chère patrie a perdu son identité sociale.
    N’oublions pas que les religions, les cultures juive et chrétienne se trouvaient en Afrique du Nord bien avant les arabo-musulmans, eux aussi colonisateurs, aujourd’hui hégémonistes.
    Avec les Pieds-Noirs et le dynamisme - je dis bien les Pieds-Noirs et non les Français - l’Algérie serait aujourd’hui une grande puissance africaine, méditerranéenne. Hélas ! Je reconnais que nous avons commis des erreurs politiques, stratégiques. Il y a eu envers les Pieds-Noirs des fautes inadmissibles, des crimes de guerre envers des civils innocents et dont l’Algérie devra répondre au même titre que la Turquie envers les Arméniens… »

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  3. Guy Pervillé dit aprés avoir mis en doute la provocation à l'émeute et aux massacres commandités par les services de l'ALN d'Oujda (B Bella etant un comparse) dit et écrit plusieures fois (Et on est d'accord!)
    " Les témoignages donnent l’impression très nette que le massacre des Européens avait été PREMEDITE par au moins une partie des chefs du FLN d’Oran, que la plus grande partie de leurs troupes a participé à la chasse aux Européens"
    UIS Méssage suivant
    "D'après ce que j'ai lu, il me paraît logique de supposer une volonté de vengeance venant d'une partie des chefs FLN de la zone autonome d'Oran qui auraient ORGANISES LA PROVOCATION initiale en l'attribuant faussement à l'OAS, mais aussi une participation de la majorité des Algériens armés qui se sont ensuite retournés contre la "bande" d'Attou, sans oublier celle de nombreux civils algériens qui se sont déchaînés contre les Français en les croyant à tort coupables"
    BON ET ALORS on est aussi dans la théorie du "complot"(CONSTANTE DANS TOUTE L'HISTOIRE DU FLN/ALN) abhorrée par J Monneret en sachant que la partie du FLN d' Oran "légaliste" c.a.d suivant les consignes du GPRA d' Alger était avec les scouts Musulmans et le syndicat UGTA (témoignages fournis)) organisateurs du défilé qui se voulait pacifique et sensé démontrer la maitrise et "faire valoir ce gouvernement de l'Algérie nouvelle . L'autre tendance partisane de l'Etat Major (les 2 B )d'Oujda y avait envoyé un émissaire dés le 1er Juillet ( dicit Fouad Soufi) sachant qu'à l'origine cet EM dans son communiqué ne parle que de la"date historique" 1er Juillet et qu'il a fait célébrer l'Indépendance en Oranie qu'il controle le 3 Juillet (vraie date ;voir nos archives photos à Ain_Témouchent et Tlemcen )
    CQFD C'est cette tendance "complotarde"dont parle G Pervillé probablement appuyée par des éléments "Froids et extérieurs" capables méme de tirer sur des Musulmans Oranais pour enflamer les foules !La boucle est bouclée
    Pour les complots lire entre autres écrits des historiens G Meynier et M Harbi pour éléments extérieurs voir B Etienne et récénts témoignages sur l élimination de la force locale réstée fidéle à"l'exécutif provisoire"
    uant à la résponsabilité du gouvernement Français c.a.d de De Gaulle qui n'en conviendrait pas ?

    JF PAYA Historien

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