Qui ne risque rien n'est rien… sur le chemin de Damas, alors que les opinions ont cédé face aux faits…
on ne le dit assez : un âge n'en chasse pas un autre, tous les âges qu'on a vécu coexistent à l’intérieur de soi, ils s'empilent, et l'un prend le dessus au hasard des circonstances.

lundi 7 mai 2012

En intégralité le discours très personnel de Nicolas Sarkozy à la Mutualité ce 6 mai 2012


"Quand ce que nous aimons tant haïr disparaît, c'est l'amour aussi qui s'en va…"


Texte du discours de Nicolas Sarkozy à La Mutualité 
 « La France a un nouveau président de la République, c'est un choix démocratique républicain. François Hollande est le président de la France et il doit être respecté. J'ai beaucoup souffert que l'institution que je représente n'ait pas été respectée, ne donnons pas le mauvais exemple. Je ne serai jamais comme ceux qui nous ont combattu. Nous aimons notre pays. Je viens de l'avoir au téléphone et je veux lui souhaiter bonne chance au milieu des épreuves. Je souhaite de tout cœur que la France qui est notre pays, qui nous rassemble, réussisse à traverser les épreuves car il y a quelque chose de beaucoup plus grand que nous, c'est notre pays, c'est notre patrie, c'est la France. Nous devons ce soir uniquement penser à la grandeur de la France. Je veux remercier tous les Français pour l'honneur qu'ils m'ont fait de m'avoir choisi pour présider notre pays pendant cinq ans. Jamais je n'oublierai cet honneur et dans la vie d'un homme… [applaudisements : Merci Nicolas !] … c'est à moi de dire merci… car dans la vie d'un homme, présider la France c'est quelque chose que je ne pourrai jamais oublier, c'est un honneur immense. J'ai essayé de faire de mon mieux pour protéger les Français des crises sans précédent qui ont ébranlé le monde pour que la France en sorte plus forte. J'en ressors avec un amour de la France plus grand encore, plus fort encore, et avec plus d'admiration encore pour ce que les Français sont capables d'accomplir dans les situations les plus difficiles. J'ai tout fait pour faire gagner les idées qui nous rassemblent, je n'ai pas ménagé ma peine, je me suis engagé totalement. Mais je n'ai pas réussi à convaincre une majorité de Français. Ensemble, nous avons fait une campagne inoubliable contre toutes les forces, et Dieu sait qu'elles étaient nombreuses contre nous. Je porte toute la responsabilité de cette défaite. Je me suis battu sur la valeur de la responsabilité et je ne suis pas un homme à éviter les responsabilités. » vient ensuite une longue et magistrale improvisation…  la plus belle partie du discours…  « Je vous aime. Merci. »



Sarkozy, tu vas nous manquer !

Dorénavant dotés d'un morne président, les Français finiront par regretter le sortant, tellement énervant mais tellement différent. C'est du moins l'avis, un brin provocant mais avant tout lucide, de Rosecrans Baldwin, chroniqueur invité à s'exprimer dans les colonnes du New York Times…
La France est ravie d'être débarrassée de Nicolas Sarkozy. Inefficace aux commandes, il était prompt à commettre des gaffes publiques. Pourtant, il va manquer aux Français, plus qu'ils ne le pensent. Par-delà sa muflerie et ses commentaires à faire grincer des dents, il a transformé la façon qu'avait la France de concevoir la présidence, tout comme il a modifié la vision que les Etats-Unis avaient des Français.

En France, les chefs de l'Etat gouvernent depuis un palais et, traditionnellement, ils se retirent sur un nuage. Les prédécesseurs de Nicolas Sarkozy, François Mitterrand et Jacques Chirac, les "deux pères ennemis" de la Ve République, flottent encore au-dessus du pays, désincarnés, intouchables. Leur réputation est à jamais gravée dans le marbre : Chirac reste populaire alors qu'il a été récemment inculpé de détournement de biens publics, et on garde de Mitterrand l'image d'un homme digne, en dépit de sa maîtresse et de sa fille qu'il a longtemps tenu cachées.

Sarkozy n'aurait pu être plus différent. Il a occupé le trône tel un mortel, plutôt que comme une créature céleste ou un souverain. Il avait des appétits et des préjugés terre à terre et semblait souvent inconscient de l'impact que cela pouvait avoir. Le soir de son élection [le 6 mai 2007], il a organisé un dîner fastueux [au Fouquet's, sur les Champs-Elysées]. Il a pris des vacances sur le yacht d'un riche partisan. Peu après son divorce, il a épousé un top-modèle après l'avoir emmené en rendez-vous galant à Disneyland.

Vous avez du mal à visualiser un président français affublé d'oreilles de Mickey ? Imaginez donc la réaction de la France. Les Français aiment que leur président ait un air paternel, pour ne pas dire grand-paternel. Sarkozy, lui, s'exhibait trop, littéralement. Que de clichés ont montré le président prenant un bain de soleil à côté de sa poupée en Bikini, ou en short sur les marches du palais de l'Elysée après son jogging matinal !

Mais ces défauts le rendaient aussi accessible. Il était impétueux, jeune, émotif et direct, aussi âpre que les cigares qu'il adorait fumer. Attiré par les feux de la rampe, on le disait en privé lunatique. Et superficiel, si superficiel.

Les politiciens français sont issus d'une élite homogène. Là encore, Sarkozy était une exception. Hollande, "M. Normal", représente par conséquent un retour à la moyenne. Calme, placide, il déteste le conflit. Il incarnera la France comme personne, en dehors de son pays, ne souhaite la voir : morne, élitiste, hautaine.

En fait, Sarkozy n'a jamais été particulièrement "français" au sens où nous, Américains, l'entendons. Ce n'était ni un gourmet, ni un universitaire, ni un philosophe. Il aimait les Etats-Unis à corps perdu, et Elvis, et il n'avait pas honte de le dire. Et nous, dans la mesure où nous n'avons jamais pu aimer un président français, nous nous sommes entichés de lui. Le fait que des millionnaires étaient aux commandes ne dérangeait pas les Américains. Sarkozy, président des riches, a toujours été plus notre homme que le leur. Pendant cinq ans, nous avons eu en Europe quelqu'un que nous aurions pu élire nous-mêmes.

C'est fini, il est parti. Les électeurs n'ont pas voté pour Hollande, mais contre son adversaire – rejet de la politique de Sarkozy, mais aussi de ce qui le distinguait, de sa vanité et de ses mauvaises manières. Tout au long de l'Histoire, la France et les Etats-Unis se sont à la fois désirés et détestés. Les Américains continuent de rêver de Paris ; les Parisiens rêvent encore de l'Amérique qu'ils voient dans les films de David Lynch. Il va falloir du temps aux deux pays pour s'habituer à un nouveau dirigeant, à une nouvelle image. Quant à nous, nous allons peut-être même apprendre ce qu'est un vrai socialiste.

Pour les Français, ce sera pire. Peut-être ne regrettent-ils pas Nicolas Sarkozy aujourd'hui ; peut-être n'espéreront-ils jamais son retour. Mais son absence se fera quand même sentir. La température va baisser. Quand ce que nous aimons tant haïr disparaît, c'est l'amour aussi qui s'en va.

Rosecrans Baldwin est l'auteur de "Paris I Love You But You're Bringing Me Down" [Paris je t'aime, mais tu me déprimes] qui retrace son année et demie d'expatriation en France et qui vient juste d'être publié aux États-Unis. Il est également le cofondateur du site internet The Morning News.

2 commentaires:

  1. Lecteur fréquent de votre blog, je tiens à souligner combien j’apprécie votre position à l’égard du président Nicolas Sarkozy. Certes, quand il le fallait, vous n’avez pas manqué d’être dur, très dur à son égard, à l’encontre de certains aspects de sa politique mais surtout contre certains de ses ministres, parmi les plus ignobles : Claude Guéant, Frédéric Mitterrand, Alain Juppé. Pour ceux-là jamais aucune excuse, aucun pardon. Et, évidemment surtout contre cet Alain Juppé si stupidement criminel.

    Aujourd'hui, merci de ne pas vous être joint à cet hallali aussi lâche qu’indécent… Le moment venu, vous avez su choisir Nicolas Sarkozy, refusant la politique du pire.

    Cette politique du pire voulue particulièrement par le Front National de Marine Le Pen. Une Marine Le Pen qui se moque comme de sa première culotte de la France, qui ne sert que les intérêts d’un parti au service d’une famille, non pas d’une famille politique mais de sa famille génitrice. Un parti sans doctrine aucune, dont le discours n’est basé que sur une démagogie à l’intention de partisans dénués de tout jugement politique, voire des groupies qui étalent leur dévotion à cette forte femelle, comme par hasard, très souvent sur des sites pédés.

    Si le Front National n’a aucune capacité à gouverner, ni même à proposer quoi que ce soit, il garde malgré tout une forte capacité de nuisance. François Mitterrand l’avait très bien compris. Aujourd’hui rien n’a changé. Mais oublions ici Marine Le Pen, comme sur ce blog vous avez toujours su le faire très opportunément.

    Nicolas Sarkozy, dès dimanche soir 6 mai, est apparu comme un autre homme. Il est apparu lui-même. Libéré. Libéré d’une charge écrasante. Libéré d’un parti. Libéré d’un entourage accablant. Enfin, il n’était plus que lui-même. Il ne s’est exprimé qu’en son nom personnel. Enfin profondément sincère. Ce comportement, il a su le prolonger lors de cette cérémonie du 8-Mai à l’arc de Triomphe. Gageons qu’il saura le conserver jusqu’à la transmission définitive de ses pouvoirs.

    Et voilà que les Français commencent à aimer… qu'ils aimeront leur ancien président, Nicolas… Nicolas qui n’est pas loin de devenir l’un des personnages préférés des Français. Merci Nicolas !

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  2. Merci… Je n'aurais su mieux dire… Moi aussi, je reste persuadé que Nicolas Sarkozy sera aimé comme jamais… et regretté.

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